La tension entre le gouvernement et les nationalistes corses du FLNC-Canal historique, vient de franchir un cran supplémentaire. Hier soir à 23 heures, dans un communiqué authentifié, le groupe terroriste a expliqué que "toute tentative d'élimination physique" d'un membre de leur groupe amènerait une "riposte d'une ampleur insoupçonnée". Adressé nominativement à Alain Juppé, cette mise en garde apparaît comme une véritable provocation. On peut même comprendre, à travers les termes de ce texte, que l'expression "élimination physique" inclut la simple arrestation de l'un de ses partisans. Cette menace voudrait donc signifier que tout geste contre le FLNC pourrait amener à cette "riposte" violente.
Il semble que l'ouverture , hier, d'une information judiciaire à propos de la conférence de presse du mois de janvier dernier, qui avait réuni plus de 600 militants indépendantistes, cagoulés et armés, soit à l'origine de cette nouvelle exigence. Le communiqué prétend également révéler certaines tractations secrètes avec le gouvernement, tractations qui auraient permis la tenue de ce rassemblement sans que les protagonistes aient été inquiétés. Depuis cette date, la litanie des attentats n'a cessé de résonner en Corse. A la fin de l'été, les actes de violence se sont même reportés sur le continent : Aix-en-Provence, Nîmes avant hier, mais aussi l'attaque directe contre la mairie de Bordeaux, dont Alain Juppé est le maire, il y a moins d'une dizaine de jours. Un autre groupuscule corse, Fronte Ribellu avait même appellé à l'insurrection générale...
La politique de négociation du gouvernement, qui avait tenté de dialoguer de façon souterraine avec les responsables des groupes nationalistes, s'est donc apparemment soldée par un échec. En se déclarant prêt à dévoiler le contenu de certains de ces pourparlers, le FLNC fait un véritable pied-de-nez à la politique du gouvernement et semble se croire hors de toute atteinte. Mais cette provocation supplémentaire ne laissera peut-être pas le Premier ministre indifférent.